Cyril Cotinaut et Sébastien Davis renouent avec une pratique, « le dialogue philosophique », qu’ils ont étudié aux côtés d’Anatoli Vassiliev, à École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Ils montent ensemble sur scène, endossent les rôles d’acteurs et d’auteurs, et se plongent dans l’atmosphère des événements de Mai 1968 pour produire cette création autour du théâtre, de l’Art, de la politique cinquante ans plus tard.
Étant nés près d’une décennie après les événements de 68, ces artistes ne se sentent pas la légitimité de parler d’une époque qu’ils ne connaissent que par le biais de slogans ou de photos. En revanche, parler de leur époque, de leur monde, du théâtre qu’ils vivent au quotidien est dans leurs compétences. Ils font donc le choix de porter un regard sur le théâtre tel qu’ils le pratiquent aujourd’hui en imaginant qu’ils sont des « experts » de 1968 qui, à l’aune des événements, rêvent le théâtre dans 50 ans. Se décaler dans le temps, c’est opérer le même processus que Montesquieu dans Les Lettres Persanes, un regard étranger sur la société française. Et c’est de ce décalage que l’humour naît. Ils mettent ainsi en perspective deux époques, celle de 68 où tous les rêves sont autorisés, et la leur, celle de 2018, où le rêve a peu de place. Dans un jeu ludique et léger, ils portent sur leur époque et sur celle de leurs parents un regard tendre, amusé et critique.