Le point de départ de cette pièce est le film documentaire de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin, Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils (1992), dans lequel Serge Daney, quelques mois avant sa mort, s’entretient avec Régis Debray. Il retrace les étapes de sa vie passée avec et pour le cinéma : de son enfance à Paris à sa longue contribution aux Cahiers du Cinéma, de ses voyages à ses années de critique à Libération.
Le spectacle créé par Nicolas Bouchaud et Éric Didry, issu de la transcription exacte des entretiens, puise à cet art de la parole si propre à Serge Daney, conteur virtuose, s’exprimant de façon simple et percutante. C’est notre place de spectateur qui est ici interpelée : quels spectateurs sommes-nous ? Comment recevons-nous les œuvres ? Comment en parlons nous ?
Un grand hommage aussi au rapport de fascination que le cinéma peut susciter chez un enfant. Un seul film témoigne ici pour tout le cinéma : Rio Bravo, d’Howard Hawks, le film ami d’enfance. Projeté, il s’entremêle au jeu d’acteur, et donne lieu à des jeux multiples entre l’écran et le plateau, créant ainsi un présent de théâtre pour sauver
le cinéma.
« C’est à notre propre rapport à l’art que nous renvoie Daney. L’art en tant qu’il est du côté du présent et de la vie, c’est-à-dire
du côté de l’expérience. Il suffit de se souvenir qu’il prend sa source dans notre enfance et qu’un photogramme aperçu
en passant à l’entrée d’un cinéma peut changer sensiblement le cours des choses en nous »
Nicolas Bouchaud