Le travail de François Rancillac a marqué l’histoire de la Scène nationale de Cavaillon par la présentation de deux pièces de Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, en 2001, Retour à la citadelle, en 2007, également par une création La divine origine (Cherchez la faute !) proposée, en 2008, dans le cadre d’une tournée Nomade(s). Cette saison, le metteur en scène et sa compagnie reviennent avec La place royale de Pierre Corneille. Le premier talent de ces artistes aura été d’avoir eu l’audace de réinviter Pierre Corneille sur scène, au coeur même du spectacle vivant. Renaissance d’un auteur trop longtemps délaissé.
Alidor et Angélique s’aiment follement…
La place royale, c’est l’histoire, ce sont les histoires de cette folle histoire d’amour. Elles mettent en lumière, dans une délicate impudeur, les souffrances des Hommes face au sentiment qui les emporte et l’exubérance de leurs peurs dévastatrices. Peur de perdre la liberté et paradoxalement peur d’être brusquement abandonné. Peut-être est-il préférable de provoquer la douleur pour qu’elle ne surprenne pas ? Ici, l’Homme est au centre de l’oeuvre. En pleine lumière. L’Homme d’hier, d’aujourd’hui, de demain. Il est là, exposé avec ses richesses infinies et ses fragilités envahissantes. Mais, en reflet, c’est bien nous qui sommes exposés à nos propres lumières, à nos propres ombres. L’approche de la période classique vers la période contemporaine et vice versa s’opère subtilement. Sans heurts. Sans oppositions. Le métissage est parfait. Quant à la langue, elle est d’autant plus touchante qu’il faut partir à sa rencontre, et devient alors d’une grande limpidité, grâce à de jeunes comédiennes et comédiens remarquables d’audace et d’aisance.