Amoureux du mouvement, des danseurs, de ces instants exceptionnels quand le geste bascule dans le rôle, Michel Kelemenis articule, tout en alliant finesse et performance, ses créations autour de la recherche d’un équilibre entre abstraction et figuration. Enfant, gymnaste, la transposition des acquis de cette discipline dans la danse, du sportif vers l’artiste, s’est effectuée spontanément, à la façon d’un jeu : le plaisir du geste clair, assimilé, sublimé. La danse a précipité, exalté naturellement ce qui était en lui. Le désir d’écrire la danse est allé de pair avec celui de la danser.
La Barbe bleue ? Qui ne se souvient pas de ce conte de Charles Perrault ? De cet homme à la barbe bleue, aux reflets de monstre, de cette chambre secrète et interdite, de cette clé sanglante, de ces six femmes volages assassinées ? Conte qui comme tant d’autres a structuré notre imaginaire d’enfant en nous inoculant que la curiosité était un bien vilain défaut. Là, Michel Kelemenis et ses danseurs prennent « le conte à rebours » : La Barbe Bleue n’est plus cet homme sanguinaire, dominateur et assassin mais une jeune femme séduisante, vêtue de bleu, une jeune femme à la fois désirable et cruelle se jouant des hommes qu’elle séduit. « C’est dans cette ambiance, entre vouloir et refuser que j’ai beaucoup travaillé, explique Michel Kelemenis. Ma Barbe Bleue est une femme
absolument sublime mais elle crée de la peur chez ses différents partenaires ». La symbolique du conte est alors bouleversée. Et vous ? Comment en serez-vous bouleversés ? Car vous le serez.